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... Bon : le très mauvais calembour, c'est fait. D'emblée : comme ça, on n'y reviendra pas !
La période est propice à la remembrance. En ce qui me concerne, l'âge aussi, sans doute...
On percevra peut-être ici de faux-airs de "blog" (... où se niche le blog ?!), mais je souhaiterais au contraire que cette discussion soit - ou devienne - un espace de partage. De partage de souvenirs.
La découverte de la S.F., où et comment a-t-elle commencé pour les participants à ce forum ? Quels souvenirs en avez-vous conservés ? Quels sont les livres qui vous ont particulièrement marqués ? Et pourquoi ?
Je pense que j'ai dû débuter vers 1978. Je suis tombé directement de la Bibliothèque Verte dans la collection "J'ai Lu". Il y avait dans le quartier une petite librairie qui était à la base un marchand de journaux, une papeterie, un magasin de fournitures scolaires et de maquettes (... vous vous souvenez de ces grandes boîtes "Heller", ou des dinosaures "Starlux" qui étaient rangés en vrac dans une grande boîte de carton bien cachée ?!). Magasin qui jouxtait celui d'un "installateur" (... ça existe encore de nos jours, de tels magasins ?!).
Chez ce "Monsieur B.", il y avait un grand présentoir composé de plateaux superposés d'un plastique qui tirait sur une espèce de rouge pas très vindicatif. Que du "J'ai Lu", et pratiquement que de la S.F. C'est là que j'ai fait mes premières acquisitions. Je pense qu'on devait être vers 1978 ou 79. Asimov, Van Vogt, Clarke, Dick. Les illustrations étaient mystérieuses (beaucoup étaient de Csernus), on était loin du figuratif version "Hachette". Les plateaux rouges du présentoir tournaient sous les doigts et il était bien difficile d'arrêter son choix devant la quantité. Il n'y avait sans doute pas tant de titres que ça mais, quand on débute, c'est un peu comme s'échouer sur un rivage inconnu : le regard se perd vite devant les possibilités.
Les prix étaient marqués au crayon à papier, d'une écriture fine et régulière, sur la première page, celle qui est toute blanche. D'ailleurs, je ne les ai jamais effacés et je suis convaincu (à l'heure actuelle, je n'ai pas mes livres sous la main pour le vérifier) qu'ils sont encore lisibles. Je me souviens encore de celui qui figurait dans mon exemplaire de "La voie martienne" : 8,70. C'était cher pour un lycéen.
... et je parle ici de francs, bien entendu.
Mais le "Asimov" n'était pas sur un présentoir, il était exposé dans la vitrine de gauche du magasin, qui comportait un plan horizontal. Je crois que des nouveautés littéraires diverses y étaient présentées, pas seulement de la S.F. Pour y accéder de l'intérieur, il me semble qu'il fallait faire coulisser une vitre, puis passer la main pour accéder au volume convoité par le client. Dame ! cette vitrine-là, on ne s'y servait pas soi-même : il fallait demander au propriétaire des lieux !
Cela fait des lustres que ce commerce n'existe plus. Il a connu plusieurs vies depuis. C'est une laverie en self-service depuis quelques années.
Comme dirait l'un de mes auteurs préférés : c'est la vie.
Il y a une grosse vingtaine d'années, j'ai eu la surprise de retrouver "Monsieur B" dans la galerie d'un petit centre commercial, dans les environs de mon lieu de travail d'alors. Il tenait un commerce identique à celui dans lequel je l'avais connu. Il n'avait pas tant changé que ça, malgré les années, même si la couleur des cheveux avait beaucoup pâli. Il s'est souvenu de moi : je ne pense pas que nous nous étions revus depuis une quinzaine d'années, et tout à fait "ailleurs".
L'existence étant ce qu'elle est, il s'est écoulé une vingtaine d'années depuis ces retrouvailles inattendues et je me demande souvent ce qu'il a pu devenir. En fait, pratiquement à chaque fois que je passe devant la vitrine de la laverie self-service, c'est-à-dire assez régulièrement. Impossible de le localiser par son seul nom, trop courant, et je n'ai jamais connu son prénom, qui n'était certainement pas "Monsieur" !
Je ne sais pas trop quel peut être l'intérêt de ce fil "dans l'absolu". Peggy Sue s'est mariée. Moi, je me contente de me souvenir...
J'évoquerai ici d'autres livres, d'autres lieux où je les ai jadis achetés. Certains n'existent plus non plus, d'autres ont considérablement changé.
... et chacun est libre de venir ici se raconter. Enfin, dans la mesure où l'on considérera que ce type d'expression a bien sa place ici.
[Edit] Initialement, ce fil se voulait une simple évocation de nos premières lectures en "S.F.", mais je me suis laissé emporter et le contexte a peut-être un peu trop pris le pas sur le texte... Si ce fil devait être conservé sur le forum, il pourrait donc être nécessaire, ou ne pas être inutile, de rectifier le tir...
Dernière modification par snarkhunter (20-04-2020 12:50:24)
"What I tell you three times is true."
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Joli le calembour
Moi aussi j'ai des souvenirs lointains de mon tout premier vrai libraire, chez qui je claquais la totalité de mon argent de poche quand j'étais en culottes courtes euh lycéen, juste après 1968 (tiens 10 ans avant toi). Un peu le même style que le tien, petite boutique fourre tout dans une rue peu fréquentée de Chambéry, avec son tourniquet de Fleuve Noir sur le trottoir et le reste plus ou moins en vrac sur les étagères et comptoirs.
J'y achetais surtout des Bob Morane et des Anticipations, jusqu'à ce qu'il me fasse découvrir les premiers J'Ai Lu. Débuter dans la vraie SF avec "Les Plus qu'Humains", "Le Mondes des A" ou "Demain les Chiens", ce n'est pas si mal, non ?
Je me souviens que les libraires de la ville s'étaient associés pour faire une carte de fidélité commune, mais je limitais la mienne (de fidélité) à ce petit libraire là... qui un jour a fermé boutique sans crier gare alors que ma carte avait quasiment tous ses points pour avoir droit au superbe cadeau (réduction ? je ne sais plus ?). Bien entendu, les autres libraires ont refusé de me la valider, prétextant je ne sais quelle "trahison" de mon dealer favori
Avant cette époque, j'avais pris ma première claque SF avec "La Planète oubliée", en Ditis, empruntée à la bibliothèque de l'usine Péchiney de St Jean de Maurienne par une de mes tantes, bouquin que j'avais fait lire dans la foulée à ma grand-mère dont l'avis avait été assez, disons mitigé
Mais cette histoire, je l'ai déjà raconté cinquante fois ici ou là
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Bonjour Christian, et merci pour ce témoignage : c'est tout à fait ce que j'espérais susciter...
Tiens, et c'est amusant : les trois romans que tu évoques se trouvaient eux aussi sur le "tourniquet" de mon libraire et ont figuré parmi mes premières acquisitions.
A l'époque, je guettais aussi avec impatience la parution des petits catalogues "J'ai Lu" et "Le livre de Poche" pour repérer à l'avance les achats que je ferais quelques mois plus tard. Et, oui, débuter avec de telles œuvres, ce n'est pas si mal !
Je pense que, objectivement, le tout premier livre sérieux que j'aie lu dans les littératures de l'imaginaire a dû être "Bilbo le Hobbit" ou "A la poursuite des Slans", dans l'édition "1000 soleils" qui se trouvait à la bibliothèque alors intégrée à notre ensemble.
Je pense que je suis également redevable au rayon "livres" du "Prisunic" de notre quartier, qui m'a un temps fourni en "J'ai Lu". Je crois leur avoir acheté quelques "Le masque S.F." aussi. Cela fait longtemps que l'enseigne est devenue "Monoprix". A l'époque, je crois que les prix étaient là aussi inscrits à la main et au crayon ! Selon le prix du livre, on savait à peu près combien de pages il comporterait... lorsqu'il sera à nouveau possible de se déplacer, je m'assurerai de la présence de ces prix crayonnés.
Je vais laisser un peu de temps et d'espace à qui aurait envie de nous raconter ses débuts Sans Façons (!), puis j'évoquerai d'autres lieux de mes premiers achats, dont un résolument inoubliable pour un "parisien".
Mais encore une fois, merci.
"What I tell you three times is true."
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Eh ben les gars, pour l'instant ce topic est une véritable illustration de l'expression Qui se ressemble s'assemble , laquelle me paraît évidemment beaucoup plus conviviale ici que sa version latine Asinus asinum fricat
Pour le calembour liminaire, eh bien il me plaît beaucoup aussi (j'ai toujours été un inconditionnel de Van Vogt)
Mes débuts dans notre vice euh... passion commune sont assez similaires, si ce n'est que l'action se passe dans un petit village du sud de la France où il n'y avait nulle véritable librairie mais un sympathique magasin servant tout à la fois de point presse (avec aussi quelques livres sans prétention sur des présentoirs tournants), et on y trouvait également de la papeterie de base, des colifichets sans importance ainsi que des bonbons (aaaaaah, le zan réglisse à l'anis -- ou dans une moindre mesure à la violette -- quelle gourmandise à l'époque... J'en convoque encore facilement la fragrance après toutes ces années...) Le magasin s'appelait officieusement "Chez Jo" mais c'était peut-être aussi le cas officiellement, je n'ai aucun souvenir de la devanture et du nom qui y était apposé, mais une chose est sûre, au village tout le monde disait qu'on allait "Chez Jo". Le patron était d'assez petite taille et boitait fortement mais était d'une jovialité à toute épreuve.
Et donc, avant que tout le monde ne s'endorme, le rituel en ce qui me concerne était le suivant :
Chaque samedi, après m'être vautré tout l'après-midi devant la TV de ma grand-mère (je regardais l'intégralité de "La Une est à vous" ou "Samedi est à vous", je ne sais plus quel titre est exact, sans doute l'un a-t-il succédé à l'autre...), j'allais en courant chez Jo avant l'heure de la fermeture, et en revenait avec un Fleuve Noir que je dévorais avant le repas du soir.
Je me souviens encore du 1er titre que j'ai acheté, tiré d'un présentoir tournant, et que j'ai évidemment encore : L'Exilé du Xantar de Jimmy Guieu (intitulé d'ailleurs "de" Xantar et non pas "du" Xantar à l'intérieur).
Que de souvenirs...
Je reviendrai compléter quelque peu ma participation, notamment en termes de titres de livres, mais, pour l'instant, ce n'est pas parce que je suis confiné que j'ai tout le temps que je voudrais à ma disposition...
Point n'ai/n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.
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Pour ma part mes premières lectures dans les littératures de l'imaginaire adulte, hormis quelques Jules Verne en bibliothèque verte, datent de 1982. J'avais alors 14 ans et, passionné par les histoires de chevaliers de la table ronde (Lancelot, Arthur, Excalibur, tout ça, tout ça…), j'ai dérivé vers la fantasy. Ca d'abord été comme beaucoup, "Bilbo" et "Le seigneur des anneaux" (Les 3 volumes rouge, bleu, noir du livre de poche) mais surtout le Conan de Howard qui était alors édité chez JC Lattès - Titres SF. Puis, cherchant d'autres bouquins écrits par Howard, j'ai ensuite découvert les éditions NéO. A partir de là j'ai commencé à acheter tous les volumes de cette collection et découvert d'autres auteurs, d'autres univers.
Depuis, je lis beaucoup moins de fantasy et beaucoup plus de SF mais je garde un attachement particulier pour Howard et son célèbre barbare. Pour Tolkien aussi puisqu'à l'époque et jusqu'à mes 30 ans, je faisais beaucoup de jeux de rôles se situant dans les Terres du milieux (Je dois même avoir encore quelque part mes dés et mes cartes).
Pour ce qui est de mes fournisseurs d'alors, c'était principalement la FNAC et Gibert Jeune et Joseph. J'étais alors parisien et j'achetais ce qui sortait à l'époque : des Titres SF et des NéO donc, mais aussi des J'ai Lu, des Pocket SF série noire avec les belles couv' de Siodmak… Et puis je hantais aussi les bibliothèques municipales car je n'ai jamais vraiment été un collectionneur. Raison pour laquelle ma bibal personnelle est finalement assez peu fournie par rapport aux votres.
Mon blog consacré à mes lectures SF, fantasy, fantastique et autres : http://sfemoi.canalblog.com/
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Episode II : La revanche des cycles
Tout d'abord, je tiens à remercier ici Conan le Tartare et Rick Leckarrd pour leurs enrichissantes contributions.
Toutefois, une petite rectification me semble ici s'imposer, destinée au second : l'ordre correct, c'était rouge-noir-bleu ! Surtout, ne te lance jamais dans le désamorçage d'une bombe !
J'ai d'ailleurs une anecdote au sujet de cette trilogie et de cette édition. Ce n'était pas pendant l'horreur d'une profonde nuit, mais plutôt au jour déclinant d'un samedi de décembre 1981. Et comment je le sais encore avec une telle précision ? Parce que ma bande-son de l'époque était l'album "Ghost in the Machine" de Police, qui venait de paraître et dont j'avais acheté le 33 tours.
En fin d'après-midi ce samedi-là, je décidai de sortir pour aller acquérir les trois volumes de cette trilogie (Douglas Adams n'ayant alors pas encore reconfiguré le paradigme des n-logies...). Direction : le petit magasin de Monsieur B. Les éditions de poche étaient rangées (enfin... les autres, celles qui ne se trouvaient pas sur le tourniquet rouge) au fond de la boutique, sur un pan de mur bien mystérieux puisqu'il était capable de glisser et disparaître complètement sur la droite pour laisser la place à un autre qui, je pense, devait être fixe, ainsi qu'au passage vers l'arrière-boutique. Mais il n'y avait là que deux des trois volumes (je ne me rappelle plus si celui qui manquait était le noir ou le bleu ; le noir, je crois bien...).
C'était là une situation inacceptable, illogique ! Je fonçai aussitôt vers la gare la plus proche pour me rendre à celle de Saint-Lazare d'abord. Direction : Le Printemps (... pas la saison : on n'était encore à peine en hiver !). Sans succès. Qu'importe : je me rendis alors aux Galeries Lafayette. Les livres de poche se trouvaient alors au rez-de-chaussée du magasin. Il faisait de plus en plus nuit dehors et le magasin fermerait bientôt ses portes. Mais je ne me suis jamais fait appeler Arthur et mon graal se trouvait là, sur les présentoirs du rayon. Passage en caisse d'extrême justesse et sortie sous le regard des vigiles qui étaient en train de superviser la fermeture.
Mais à présent, je suis presque certain que c'est bien le volume noir que je venais d'acheter.
A peine en retard pour le dîner, la trilogie complète à portée de main : Every little thing I had done was magic !
... et un rapide calcul me dit que c'était il y a trente-huit ans.
[Edit]
Parce que je ne pouvais pas ne pas le relever...
des Pocket SF série noire avec les belles couv' de Siodmak…
Je ne crois pas que Robert ou Curt aient jamais illustré quoi que ce soit graphiquement ! Le bon nom ici, c'est donc Siudmak !
Dernière modification par snarkhunter (15-07-2020 13:32:45)
"What I tell you three times is true."
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Oui Siudmak et non Siodmak. merci d'avoir rectifié.
Pour la couleur des Tolkien, je ne pouvais plus vérifier. Je les ai prêtés il y a bien longtemps et je ne les ai jamais revus !
Mon blog consacré à mes lectures SF, fantasy, fantastique et autres : http://sfemoi.canalblog.com/
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Pour la couleur des Tolkien, je ne pouvais plus vérifier. Je les ai prêtés il y a bien longtemps et je ne les ai jamais revus !
Même chose pour moi, obligé de les racheter en Pocket (version 1986 non SF)...
(C'est vrai qu'il y a beaucoup de points communs dans nos vécus )
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Pour la couleur des Tolkien, je ne pouvais plus vérifier. Je les ai prêtés il y a bien longtemps et je ne les ai jamais revus !
Ah, moi, c'est bien le genre de détail qui ne quitte plus jamais ma mémoire : même à l'acétone, ça ne partirait pas ! Et j'ai conservé mes exemplaires, de toute façon...
(C'est vrai qu'il y a beaucoup de points communs dans nos vécus )
Je ne sais pas si le fait "d'exhumer" ces souvenirs ici présente une quelconque "utilité". D'un autre côté, est-il utile que ce soit utile ?!
En tout cas, je me réjouis d'autant plus de m'être lancé dans cette discussion, que je prévois de poursuivre très prochainement.
Pour ce qui est du "point commun dans nos vécus", je ne sais si cela tient à notre âge, à la nature même de cette littérature et à la façon dont elle a été distribuée et lue en France, ou bien encore à d'autres facteurs. Des avis sur la question ?
Dernière modification par snarkhunter (22-04-2020 08:02:54)
"What I tell you three times is true."
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Bah, pour ce qui est de la couleur des Tolkien rouge-noir-bleu du Livre de Poche, c'est un peu comme le sexe des anges, ça ne change pas grand chose à leur activité en ce bas monde...
Surtout quand on sait que, chez Unwin Paperbacks, vers les mêmes années, les couleurs étaient vert-bleu-beige (c'était du moins le cas pour la trilogie que j'ai découverte en Angleterre, dévorée pendant l'été 1980 et gardée précieusement dans ma bibliothèque), voire vert-rouge-brun si j'en crois des images trouvées sur l'internet d'une édition encore différente...
Mais bon, puisqu'on en est au sexe des anges, eh bien ce n'est pas "chez Jo" que j'achetais mes FN, mais "chez le marchand de journaux". En effet, je dois battre ici ma coulpe car, après avoir commencé à mettre par écrit mes souvenirs la semaine dernière dans mon post précédent, un doute affreux s'est mis à me tarauder l'esprit. Et si je me mélangeais les pinceaux ? Et donc, après avoir demandé confirmation à ma mère et à mon oncle, j'avais en effet bel et bien mélangé les deux boutiques. Point de "vrais" livres chez Jo, et je courais donc en fait chez le marchand de journaux, la gamme au-dessus en termes de papiers imprimés. En d'autres termes, 1) la mémoire joue des tours (l'influence du zan-réglisse peut-être, avec lequel j'accompagnais mes lectures) et 2) il me fallait courir sur une bonne vingtaine de mètres de plus pour atteindre mon Graal hebdomadaire (ce qui ne me hissait certes pas à la hauteur de Galaad...)
Pour en revenir à mes lectures de l'époque, elles ont connu diverses époques :
- d'abord, un peu avant mes 12 ans, la découverte d'une bonne demi-douzaine de FN chez mes parent : Jimmy Guieu (Les destructeurs), Peter Randa (Qui suis-je ?), Maurice Limat (Ici finit le monde), etc.
- une fois ceux-ci dévorés, le virus -- oops, terme un peu lourd en ce moment... -- était activé et je terminais ensuite mes samedis après-midis avec la quête mentionnée ci-dessus. J'achetais évidemment d'abord les mêmes auteurs puis, une fois les titres de ceux-ci sur le présentoir épuisés, je découvrais avec émerveillement les Perry Rhodan (même si la saga était évidemment largement en cours, et je revois encore dans mes très jeunes mains La moisson de Myrtha VII). Puis d'autres encore, mais toujours au FN (Paul Béra, Jan de Fast, Gabriel Jan, Daniel Piret, Kurt Steiner, Gilles Thomas, etc.), et c'est en arrivant au lycée que je me suis tourné, en parallèle, vers d'autres horizons
- et donc ce fut le lycée, et là des camarades de classe me firent découvrir Le Monde des non-A et autres actes de foi du démiurge Van Vogt, puis très vite les Asimov (Fondation évidemment, mais pas seulement) et, paradoxalement -- car je retournais encore plus en arrière dans le temps -- les E. E. Doc Smith et ses extraordinaires sagas, notamment celle des Fulgurs, et là encore je me revois tenant religieusement dans mes mains Le Fulgur gris, assis dans le bus qui devait me ramener chez moi après l'école, et qui patientait tranquillement à son terminus pendant que je me battais aux côtés des policiers de l'espace épaulés par les Arisians contre les vénéneux et maléfiques Eddoriens...
- et puis ce fut la fac, avec tous les autres demi-dieux que j'y rencontrais (Michael Moorcock, Cordwainer Smith, Roger Zelazny, etc.)
Depuis, évidemment, j'ai approfondi certains genres, en ai "plus ou moins abandonné" d'autres, en ai découvert d'autres encore, et parfois des auteurs inclassables, mais ce n'est pas là le sujet du présent topic...
Avec le recul je me rends bien compte que mes années de lycée et de fac m'ont fait me tourner davantage vers la SF non-francophone, mais je plaide les circonstances atténuantes Votre Honneur : a) l'adolescence c'est généralement l'ouverture à l'Autre b) j'ai compensé cela dans l'âge adulte en revenant aussi vers les auteurs francophones c) au final, chacun peut bien lire ce qu'il préfère
Pour ce qui est du "point commun dans nos vécus", je ne sais si cela tient à notre âge, à la nature même de cette littérature et à la façon dont elle a été distribuée et lue en France, ou bien encore à d'autres facteurs. Des avis sur la question ?
Je dirais que, de toutes façons, et indirectement, les âges ont une importance. Non pas tellement parce qu'ils sont dans la même "fourchette", mais surtout parce que le "mainstream" de l'époque où l'on commence à lire oriente automatiquement la plus grande partie de nos lectures initiales. Je pense qu'ensuite il faut deux mesures de chance -- et une mesure d'opiniâtreté -- pour aussi aller voir autre chose...
Point n'ai/n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.
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Episode III : Gare l'Invincible
Une nouvelle fois, merci à nos éminents membres qui se sont manifestés ici. Je crois qu'Edmond Hamilton avec son diptyque sur John Gordon aura sans doute joué dans mon parcours le même rôle que les aventures de Bob Morane pour d'autres lecteurs, en faisant soudain souffler un grand vent d'aventure dans ma vie. Je ne sais trop ce que donnerait aujourd'hui une tentative de relecture de ces romans : sans doute une once de nostalgie assaisonnée d'une pointe de déception... allez savoir !
Mais allons refaire un tour du côté de chez Swann...
La gare Saint-Lazare (à Paris, pour les lecteurs de province ou d'outre-Quiévrain !) recelait jadis un trésor pour les amateurs de mondes imaginaires, puisque sa galerie marchande abritait alors une minuscule boutique de libraire, isolée en son centre. C'était une petite boutique rectangulaire divisée en deux parties, avec une réserve inaccessible et dont le contenu et l'organisation restaient invisibles. Mais le reste méritait le détour, puisque des rayonnages pleins de livres de poche (essentiellement des "J'ai Lu', selon mes souvenirs) occupaient plusieurs côtés de la boutique.
Alors en pleine période de découverte, je me souviens d'y être entré et d'avoir pu obtenir une bonne partie des titres que je cherchais, un peu comme dans un rêve éveillé ! Je ne sais plus tout ce que j'ai pu y acheter alors, mais certains titres sont néanmoins restés gravés dans ma mémoire, comme "Univers 02" (le premier était introuvable, et il m'aura fallu ensuite patienter de longues années avant de pouvoir enfin me le procurer) ou les deux volumes des "Dangereuses visions", ces deux derniers ayant constitué un véritable choc à la lecture. On dit souvent que la plupart de ces textes ont vieilli et ont depuis longtemps perdu ce parfum "dangereux" qu'ils avaient à leur parution initiale. Mais les découvrir au tout début des années 80, quand on arrivait de la Bibliothèque Verte et même d'Asimov ou de Van Vogt, c'était une expérience assez marquante...
Aujourd'hui, à l'emplacement approximatif de ce lieu extraordinaire, on trouve dans la galerie rénovée de fond en comble il y a quelques années une petite boutique guindée et trop lumineuse qui vend des macarons minuscules - sauf par le prix.
Et c'est très triste.
"What I tell you three times is true."
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Allez, pour redémarrer en douceur :
Mon premier contact avec la SF ou tout du moins la litterature de genre remonte certainement à la fin des années 90 avec deux monsieur pour qui j'ai encore une tendre affection : R.L. Stine et sa série Chair de poule superbement illustrée par Nicollet (la plupart en tout cas). L'un m'a donné le goût de la lecture l'autre le goût des beaux livres. Si ma mémoire est bonne, mes parents m'en achetaient 2 par semaines bien que j'en dévore un par jour, voire trois si d'occasion je ramenais une excellente note. Je devais alors être en cp, et donc avoir 7 ou 8 ans.
En 99-2000 arrive ma plus grande claque littéraire : le Hobbit. Trouvé par hasard dans un carton poussiéreux au fin fond du grenier de mes grands-parents (c'est un peu comme trouver un Jumanji, vous en conviendrez !). En bibliothèque verte qui plus est et aux vues des signatures et des graffitis de très mauvais goût, il devait être à mon oncle.
Et puis arrive le cataclysme (certainement aussi impressionnant que Star Wars en 77) : une certaine communauté de l'anneau arrive sur grand écran. Je me souviens être ressorti du cinéma fébrile et de ma mère baillant aux corneilles et d'avoir exigé qu'on m'achète sur le champ la trilogie du Seigneur des anneaux. Chose que ma mère accepta de bon coeur, après tout, un fils qui aime lire, toute mère en rêverait ! L'inconsciente, si elle avait su dans quoi elle s'embarquait ce jour là haha ! Il me semble qu'on avait été les acheter dans une petite librairie près de Saint-Etienne qui n'existe plus aujourd'hui, certainement remplacé par un Sephora ou des locaux Pole Emploi... Suite donc à ma découverte de la fantasy, je ne lui ai jamais fait faux bonds, hormis quelques années où l'adolescence passant par la me fit délaisser la lecture pour les inévitables expériences et erreurs de jeunesse (tous mes Chair de poule furent vendus une bouchée de pain pour des cigarettes et quelques bières imbuvables.). A 17/18 ans jeune punk misanthrope et aigri d'avance je découvrais Huxley, Orwell, Pelot et plus particulièrement "fœtus party" qui était également le nom d'un obscur groupe anarcho-punk Dijonais. Mais rien à faire, le politique et le militantisme de tous bords me semblaient toujours biaisés par le prisme de la culture dans laquelle nous baignons, encore que je n'ai rien contre, je ne m'y retrouvais juste pas. Je revenais donc à la fantasy comme en refus au modernisme et aux dualités gauche/droite blanc/noir etc qui me donnaient l'impression d'une cage intellectuelle toujours trop étroite et puis j'ai rasé ma crête, rangé le poing américain au détriment du marque page et y ai trouvé ce je ne sais quoi de l'enfance qui fait qu'on arrive encore à frémir ou à s'émerveiller d'un rien, d'une mauvaise note à faire signer aux parents comme d'une facture de loyer qui sonne comme un glas quand le frigo est vide, et c'est là la plus grande force de la littérature, bien au-delà de la SF ou de la fantasy, c'est cette faculté d'arriver à garder une partie de cette insouciance propre à l'enfance et d'en faire une béquille, un rempart aux difficultés de la vie d'adulte, et ça, c'est tout simplement merveilleux .
Dernière modification par Pierrick'Tyosaure (05-09-2020 21:56:54)
Boomer trentenaire misanthrope et aSsocial.
Lecture du moment : Michael Moorcock .. Le Chien de Guerre et La Douleur du Monde & Clive Barker .. Livre de sang
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Merci pour cette belle contribution, qui m'a permis de comprendre que mon intérêt pour la relecture des œuvres que j'ai aimées jadis répond peut-être à l'envie inconsciente de retrouver un état de bien-être et d'insouciance qui accompagnait mes premières lectures (celui des années de collège ou de lycée).
Je pense que mon premier contact avec "Le hobbit" aura été avec l'édition "1000 soleils", mais que je n'aurai réellement lu ce roman qu'ensuite, dans la réédition J'ai Lu de la fin des années 70.
La série "Chair de poule" est bien trop récente pour ma "classe d'âge" : je n'ai donc fréquenté ces romans qu'à l'occasion de l'achat pour certaines de mes nièces, lorsqu'elles-mêmes les avaient découverts.
Mais si je devais un jour relire une œuvre de Tolkien, ce serait de toute façon dans la traduction que je connais déjà et certainement pas dans la dernière traduction française, car ce "Bessac" ne passe décidément pas.
Dernière modification par snarkhunter (06-09-2020 09:28:34)
"What I tell you three times is true."
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Merci pour cette belle contribution, qui m'a permis de comprendre que mon intérêt pour la relecture des œuvres que j'ai aimées jadis répond peut-être à l'envie inconsciente de retrouver un état de bien-être et d'insouciance qui accompagnait mes premières lectures (celui des années de collège ou de lycée).
C'est ce que j'ai réalisé assez récemment en essayant de lire de "vrais livres" (les misérables, en l'occurence) où je me suis ennuyé comme jamais. Il y a toujours une part de nostalgie de l'enfance qui sommeil en nous, le "c'était mieux avant" en est la preuve irréfutable. D'autant que ce n'est en rien de l'immaturité, c'est avoir réussi le tour de force de garder une âme d'enfant !
La série "Chair de poule" est bien trop récente pour ma "classe d'âge" : je n'ai donc fréquenté ces romans qu'à l'occasion de l'achat pour certaines de mes nièces, lorsqu'elles-mêmes les avaient découverts.
Un choix fort judicieux ! Dommage que Néo ait déjà disparu, la transition aurait été parfaite !
Mais si je devais un jour relire une œuvre de Tolkien, ce serait de toute façon dans la traduction que je connais déjà et certainement pas dans la dernière traduction française, car ce "Bessac" ne passe décidément pas.
C'est bien pour ça que j'ai remisé les nouvelles traductions à la cave derrière mes L. Ron Hubbard enfoui sous les J'aime Lire et les Bernard Werber (je n'ai pas eu le coeur de les jeter !).
Plus sérieusement au-delà du genre littéraire qu'on affectionne, que l'auteur soit exécrable ou que ce soit écrit avec les pieds, l'essentiel c'est d'arriver à passer un bon moment loin des épidémies, des crises sociales et de l'incertitude du lendemain.
Attention à ne pas relire des livres dont on espère trop toutefois, on pourrait être très déçus, c'est pour ça, d'ailleurs que je n'ouvrirai jamais plus de Chair de poule ! Et puis je suis trop vieux à présent !
Ravis d'avoir été ton Sam Gamegie, la route est longue jusqu'au Mordor et parfois l'anneau peut être un bien lourd fardeau .
Dernière modification par Pierrick'Tyosaure (06-09-2020 11:00:07)
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