Vous n'êtes pas identifié(e).
24/04/1918 (Saint-Macaire (Gironde))- 19/11/2000 (Langon (Gironde))
http://www.bdfi.net/auteurs/e/escarpit_robert.php
Tenez, ça me désole alors qu'il fait beau, mais voilà un homme attachant, un universitaire novateur et un auteur bourré d'humour dont on fait peu de cas dans les sphères averties du milieu de la SF française toujours à se triturer les boutons adolescents.
Je râle!
Robert Escarpit est né en 1918, en Gironde, il est mort en 2000 toujours en Gironde, et probablement que mal lui en a pris d'avoir toujours préféré pêcher à la ligne en Gironde plutôt que dans la Seine car il semble y avoir été oublié par les amateurs éclairés comme un petit gardon sans intérêt.
Entre ces deux instants, mon auteur (je me l'approprie) a mené une carrière bien remplie de chercheur, de billettiste, d'écrivain tout en se consacrant à l'alphabétisation mondiale.
Agrégé d'anglais, professeur de littérature comparée à l'origine, inlassable promoteur mondial de l'alphabétisation en faveur de laquelle il rédige des essais, gagman à ses heures dont un canular qui fait encore aujourd'hui des victimes*, infatigable et renommé critique pour Le Monde, Le Matin et le Canard Enchaîné quand il n'est pas auteur lui-même, romancier apprécié pour la littérature jeunesse, il est aussi le pionnier de l'introduction des sciences de l'information et de la communication en France, il a pressenti l'importance de la maîtrise des nouvelles technologies et en a jeté les bases théoriques, ses ouvrages à ce propos demeurent pertinents encore aujourd'hui pour appréhender les enjeux modernes**.
Vous pensez que j'exagère? Eh bien, lisez cet extrait magistral dont l'actualité est carrément fracassante :
« C’est à nous de décider si le fil par lequel Shannon fait passer ses bits servira à nous étrangler les uns après les autres ou s’il nous donnera la vie unanime d’une conversation dans laquelle chacun aura son mot à dire »
ESCARPIT, Robert. Théorie générale de l’information et de la communication. Paris : Hachette Université, 1976.
Huit ans avant Neuromancer, dans cet essai précurseur, Robert Escarpit explorait les projections de la surinformation naissante, l'exploitation des nouveaux réseaux de communication, les dérives dangereuses des outils utilisés sans théorie solide... Et quoi! rien!
C'était pourtant rédigé en bon français.
J'ai cherché dans les archives de la "SF française" que j'ai sous la main, au clavier ou en bon papier, s'il y avait jamais eu une quelconque allusion aux travaux de Robert Escarpit et j'en n'ai pas trouvé. Ce qui n'est pas exhaustif, loin s'en faut, mais malgré tout assez significatif, j'en ai quand même un rayon autour de mon fauteuil dactylo.
J'ai enfin découvert une piste à suivre en remontant dans le temps, en octobre 1954, quand l'unique intervention indirecte de Robert Escarpit à la revue Fiction fut la réponse très agressive à l'un de ses articles paru dans Le Monde le 31 août de la même année. Robert Escarpit avait consacré trois colonnes intitulées "Le Ghetto de la science-fiction" dans ce respectable organe de communication peu enclin à la fantaisie, ce qui me paraît aujourd'hui remarquable. J'aimerais d'ailleurs en prendre connaissance mais la réponse suffira cependant pour esquisser un malentendu dont, j'en ai bien peur, la rédaction de Fiction est en grande partie responsable. Cette réponse rapporte des citations parcellaires du billet qui, rétroactivement, semblent issues d'une analyse juste de ce qui allait se produire dans le genre en France : l'enfermement dans un microcosme paralittéraire créé artificiellement à partir d'une culture étrangère et dont les vecteurs locaux s'excluaient eux-mêmes inconsciemment. La rédaction de l'époque (l'article n'est pas signé) n'a pas réussi à en tirer ce qu'elle avait d'enrichissante et focalise sur des détails qu'elle conspue sur un ton très polémique et avec le recul, peu convaincant.
Ce premier tête-à-tête n'a probablement pas conduit les deux parties à entretenir des relations cordiales et l'on ne verra plus le nom de Robert Escarpit dans Fiction si ce n'est dans de maigrelettes notices de parution.
Robert Escarpit, de son côté, continuera d'une part ses travaux universitaires sur la littérature y compris de science-fiction que Roger Bozzetto
commentera à son tour un peu plus tard***. Sa renommée dans ce cadre n'a cessé de grandir d'ailleurs****. Il écrira quelques romans qui prennent plus à Cami qu'à la littérature américaine, la charge humoristique contre les dérives informatiques dans Le Littératron en 1967 ou, en 1971, l'amusant Les Somnambidules dont la phrase finale me réjouit infiniment. Plus tard, il offrira à la belle jeunesse quelques jolis récits de science-fiction dont les amateurs semblent avoir oublié Le Grand Prix de l'Imaginaire décerné en 1985 à L'Enfant de l'espace.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-S%C3%A9bastien_Mouche
** http://www.cndp.fr/savoirscdi/index.php?id=451
*** http://www.quarante-deux.org/archives/b … ml#note_12
**** http://www.uni-bielefeld.de/lili/person … carpit.htm et http://books.google.fr/books?id=FeFMOzR … &q&f=false
Note importante!
Qui peut intéresser BDFI en premier lieu. L'article de Fiction déclare formellement les débuts de la science-fiction en France deux ans auparavant, en 1952 donc. Si quelqu'un en éprouve l'intérêt et n'aurait pas ce numéro, je peux scanner l'article à son intention. (Si par hasard ce quelqu'un ou un autre avait l'article paru dans Le Monde, je suis preneuse).
Bibliographie partielle
Contes et légendes du Mexique (1956) [Recueil]
F. Nathan, Contes et légendes de tous les pays type 2, 1956. 256 p., Illustrations de Henri Dimpre
rééd. type 4, 1963 (rééd. identiques 1971, 1974). 255 p. Illustrations de René Péron
Contes mythologiques et traditionnels.
Le Littératron : roman picaresque... (1964)
Flammarion, Le Meilleur des mondes, 1964. 219 p.
rééd. J'ai lu n° 293, 1967. 192 p. Illustration de Michel Stringer
Un ordinateur terriblement efficace pour rédiger littérature et discours politiques.
Honorius, pape (1967)
Flammarion, 1967. 251 p. ; 18 cm
La civilisation est totalement détruite sauf dans un endroit minuscule près de Bordeaux qui abrite le pape Honorius, dépositaire d'un énorme stock artistique. La quatrième de couverture est révélatrice des rapports heurtés de l'auteur avec la science-fiction américaine.
Parce qu'il y a dans mon roman un Pape et un ordinateur, on va dire que je suis polarisé sur la religion et l'informatique. Pour ce qui est du Pape, cela fait quinze ans que le vieil Honorius me tarabuste et cherche à me raconter son histoire. Il aurait pu être pâtissier ou chercheur de truffes, mais non, il était Pape. C'est ainsi, je n'y puis rien, ni lui non plus. Ce n'était pas une raison en tout cas pour le réduire au silence.
Quant aux ordinateurs, ce sont de bonnes bêtes de labour intellectuel et j'éprouve pour eux le même sentiment d'affection que le paysan de jadis pour ses grands bœufs tachés de roux. Il s'ensuit que si l'on classe mon roman dans la science-fiction, j'accepte la catégorie, mais je refuse toute parenté avec les bêtifications attristées sur le règne des robots et des cerveaux mécaniques, qui expriment ce que les intellectuels de mon temps croient être un humanisme.
A l'époque où j'écrivais ce livre, un metteur en scène chercher à remuer les foules en montrant dans quelque cité future des pompiers spécialistes de la destruction des livres par le feu. Comme on le verra, c'est un problème qui s'est posé aussi à Honorius. Il l'a résolu à sa façon. Je ne suis pas sûr qu'elle plaise à tout le monde.
Le fabricant de nuages (1969) [Recueil]
Flammarion, 1969. 235 p.
Récits fantastiques. Robert Escarpit en magicien du ciel.
Les Somnambidules (1971
Flammarion, 1971. 221 p.
Les gens commencent à rêver qu'ils sont éveillés dans un autre monde pour une raison non identifiée. De ses rêves naît un monde nouveau.
Tout commença quand les pays, les uns après les autres, se mirent à dormir et à rêver qu'ils étaient éveillés? Ils rêvaient tantôt que tel ou tel autre pays était endormi, tantôt qu'il était éveillé, mais les rêves ne coïncidaient jamais tout à fait d'un pays à l'autre.
Il en résultait pour les chefs d’État d'étranges problèmes, notamment pour le président Scoubidou en France et pour le chancelier Strumpf en Allemagne. On s'aperçut cependant bien vite que la situation n'avait pas que des désavantages, en particulier pour ceux qui avaient la chance de n'être pas seulement ce qu'ils étaient.
Des rêves superposés naissait un monde nouveau infiniment plus riche, plus drôle et plus vrai que le plat univers où nous enferme ce que les ignorants appellent la réalité. Et à travers les milles spirales de ce monde où les gens naissaient, éclataient et renaissaient en myriades de bulles irisées, Émile Labenne, vendeur aux Galeries Lafayette, et Léa Tambahé, l'étudiante camerounaise, poursuivaient, trouvaient et poursuivaient encore leur innombrable amour.
Ce qui est certain, c'est qu'on ne s'ennuyait pas.
Les Contes de la saint-glinglin (1973) [Recueil]
Contes humoristiques autour des expressions les plus farfelues.
Sommaire (à vérifier) :
Saint Glinglin et la belle Lurette
Le voyage en Cathiminie
Le coup de go
Les gâteaux de Maître Galipette
Le guilledou
Le jeu de tire l'harigot
Les bouts rimés du baron de l'Enclume
La poudre du père Limpinpin
La mort héroïque d'Hubert de la Cantonade
L'auberge de la Bonne Franquette
Entre le Zist et le Zest
Tartempion
La poudre d'escampette
De tout à Gogo
La fleur de prétentaine
Parutions Magnard :
Magnard Fantasia n° 157, 1973 (rééd.1978, 1981 - à vérifier). 188 p. Illustrations de Sophie Mathey.
rééd. Bibliothèque Magnard n° 6, 1991. 156 p. Illustrations de Sophie Mathey. ISBN 2-210-98808-X
rééd. Magnard jeunesse, 1995. 155 p. Illustrations de Jean-Pierre Duffour. ISBN 2-210-97718-5
rééd. Magnard Les Romans, 1998. 155 p. Illustrations de Jean-Pierre Duffour.
Parutions Le Livre de Poche
Livre de poche Jeunesse n° 1, 1979 (rééd. 1988 identique). 196 p. Illustrations de Sylvie François. ISBN 2-253-02332-9
rééd. 1991. Illustrations de Sylvie François, couverture de ?. ISBN 2-01-014428-7
rééd. 1996. Illustrations de Sylvie François, couverture de ?. ISBN 2-01-014428-7
Série Contes et merveilles rééd. 2001. Illustrations de Sylvie François, couverture de Jean-Pierre Duffour. ISBN 2-01-321936-9
rééd. 2007. Illustrations de Sylvie François, couverture de Jean-Pierre Duffour. ISBN 978-2-01-322494-9
Le Réveillon de Sophie / Eth Revelhó de Sofia (1979)
Magnard Grand Carré Formule 0, 1979. 30 p. Imagé et raconté en français et béarnais d'Aspe par Robert Escarpit. ISBN 2-210-99712-7
Conte de Noël.
Le Petit dieu Okrabe (1987)
Messidor-la Farandole 12 LF, 1987. 187 p. ISBN 2-209-05919-4
Okrabe, un petit dieu enfant, vient sur Terre faire sa promotion. Il se heurte aux trusts de consommation religieuse. Un roman étonnant pour le public jeunesse ciblé.
Les Fêtes impertinentes (1990) [Recueil]
Messidor, 1990. 184 p. Illustrations de Pef. ISBN 2-209-06288-8
Impression : 18-Saint-Amand-Montrond : Impr. Bussière
Contes fantastiques.
L'enfant qui venait de l'espace (1984) Grand Prix de l'Imaginaire, roman pour la jeunesse, 1985
in Revue Je Bouquine n° 1, mars 1984. Illustrations de Caza.
Livre de poche. Jeunesse n° 300 Je Bouquine, 1987. 88 p. Illustrations de Caza. ISBN 2-253-04121-1
Bayard Collection Je bouquine n° 23, 1993. 87 p. Illustrations de Caza. ISBN 2-227-72320-3
Récit de science-fiction. De nouveau, Robert Escarpit remodèle la théorie du robot américain.
Suzan est l'un des personnages du célèbre auteur de science-fiction Isaac Asimov. C'est même son héroïne préférée. Il l'a conçue séduisante, mais obsédée par son métier de spécialiste des robots. Et voilà qu'un beau matin de 2010, l'auteur rencontre sa créature, vivante, entre une cuisinière rafistolée et une étrange plante verte qu'elle a baptisée Robbie. Que s'est-il passé ? Rien de ce qu'avait écrit Asimov n'est arrivé. Si les héroïnes de science-fiction prennent en main leur destin, où va-t-on ? Et pourtant, l'histoire de la belle Suzan ressemble à un fameux roman, bourré de rebondissements !
Le secret du pilfastron (1987)
In revue Je Bouquine n° 44, 1987. Illustrations de François Avril.
Bayard Collection Je bouquine n° 2, 1991. 87 p. Illustrations de François Avril. ISBN 2-227-72307-6
Un outil vraiment extraordinaire.
Hubert Chesnaie est un haut fonctionnaire respectable et respecté. Pourtant, dans le secret de son bureau, il a une bien inquiétante façon de prendre les décisions : il les tire à pile ou face sur un pilfastron, instrument offert par Viola, sa ravissante secrétaire. Un jour, un vieil ami d'Hubert découvre le stratagème. Troublé, il emprunte l'objet pour l'étudier. Sait-il jusqu'où l'entraîneront le mystérieux pilfastron et la non moins mystérieuse Viola ?
Contes de l'aigle et du serpent (1992) [Recueil]
Magnard Bibliothèque Magnard 8-12 ans n° 33, 1992. 153 p. Illustrations de de Jean-Pierre Serenne. ISBN 2-210-98837-3
Contes mythologiques et historiques.
Longtemps avant l'arrivée des Espagnols, le peuple maya, les Aztèques, le dieu Quetzalcoalt, l'oiseau Kou fondèrent sans le savoir le Mexique.
Depuis, d'autres merveilleux stratagèmes furent inventés pour résister au conquérant espagnol. Plus tard, c'est la fabuleuse victoire de Zapatta et de Pancho Villa emmenés par la Cucaracha. Robert Escarpit nous conte la grâce légendaire d'un pays dont les symboles sont l'aigle et le serpent.
Tom, Quentin et le géant Bila, Hachette (1993)
Hachette Le Livre de poche jeunesse n° 490, 1994. 218 p. Illustrations de Bénédicye Gayet. ISBN 2-01-020996-6
rééd 1996. Illustrations de Bénédicte Gayet. ISBN 2-01-321425-1
Conte fantasy pour la jeunesse.
Le géant Bila a enlevé la princesse de Tamatave ! Tom et Quentin décident de voler à son secours. Que Bila soit un sorcier, et que sa forteresse soit réputée inaccessible... peu importe ! Avec sa machine à billes, Tom est invincible : un tour de manivelle... et hop ! tous les problèmes vont être résolus. Quentin, lui, joue au Rugby : pour la force et la rapidité, il est bien sûr, sans égal... Attention ! rien n'est gagné d'avance. Bila a plus d'un tour dans son sac et, surtout, il sait faire illusion...
Hugo, Charlie et la reine Isis, Hachette (1995)
Hachette Le Livre de poche jeunesse n° 539, 1995. 220 p. Illustrations de Benoît Debecker. ISBN 2-01-321093-0
Conte fantasy pour la jeunesse.
Faire la guerre à la guerre ! La reine Isis y est fermement décidée.
Depuis des mois, deux seigneurs bataillent aux frontières de son royaume, et la reine en a assez. Même la cueillette des myrtilles est devenue un problème... Mais comment s'y prendre, quand on gouverne le royaume le plus petit du monde et qu'on n'a pas d'armée ? Pour des mercenaires comme Hugo et Charlie, rien n'est plus simple. Il suffit d'un vieux général, d'une ruse de guerre bien peaufinée, et le tour est joué ! Orgueilleux seigneurs, cruelles armées, tenez-vous bien ! Ils arrivent...
La poudre du père Limpinpin (1996)
Chardon bleu Collection Bleu cerise, 1996. 125 p. Illustrations de Sylvie Francois. ISBN 2-86833-139-4
Contes extraits des Contes de la Saint-Glinglin, en gros caractères.
Sommaire (à vérifier):
Le voyage en cathiminie
Les gâteaux de Maïtre Galipette
Le jeu du tire l'harigot
La poudre du Père Limpinpin
La poudre d'escampette
Ce dernier titre est à vérifier, est un recueil de jeunesse de Robert Escarpit, il parle de Manchester et de l'Ecosse d'après un amateur, mais je n'ai pas plus de précision.
Contes du pays gris (1936) Signé Robert G. Escarpit. [Recueil]
Presses coopératives Bordeaux, 1936. 55 p.
Hors ligne
Dut sa modestie en souffrir, rappelons que notre Oncle Joe a rendu un hommage appuyé à Robert Escarpit dans son ouvrage de référence:" AEVV, Passeur Cosmique "(ODS 2010).
Il y cite en effet de larges extraits d'un texte de 1978, où Escarpit se révèle excellent connaisseur du Maître, du Nexialisme, mais aussi (non sans humour) de la Sémantique Générale.
C'est vrai que la rédaction de "Fiction" pouvait être incroyablement sectaire par moments. J'ai encore en mémoire l'anathème qui avait frappé feu Robert Kanters à la suite d'une interview qu'il avait accordé au journal..."Le Monde" (toujours eux!!) dans les années 60, où il osait parler, entre autres choses, de SF. Le ton de la réponse était à peu près:" Kanters n'aime pas la SF. Donc nous n'aimons pas Kanters. Et nous n'aimons pas Présence du Futur".
Dernière modification par Lord Darcy (03-10-2011 23:00:00)
Hors ligne
L'Onc' Joe est grand! (il est un géant, plutôt, devant son clavier hi-tech minuscule ) Je consulterai cette somme avec intérêt, merci.
Je cherchais toutefois dans les archives contemporaines des recherches de Robert Escarpit, ça me semble tellement surprenant qu'il n'y en ait pas eu d'écho. C'était pourtant un sacré filon, la preuve, ça a créé un mouvement outre Atlantique.
Les batailles rangées dans Fiction ont beaucoup animé la revue. Je me souviens avoir lu uniquement le courrier de lecteurs pour le fun, en retransmission largement différée à l'occasion d'un achat massif d'occasion n'ayant pratiqué la revue qu'en fin de parcours. C'était assez survolté, ou plutôt, ça volait bas même si de bonnes choses étaient dites aussi. Ce qui me fait penser que pas grand chose n'a évolué sous le soleil de Teur
Hors ligne
Article de Raymond LAS VERGNAS extrait du numéro 198 de la revue « LES ANNALES » d’avril 1967 :
.
« HONORIUS PAPE, le nouveau roman de Robert ESCARPIT (Flammarion), nous transporte allègrement dans un avenir assez éloigné de nous pour qu’on puisse ranger son récit dans la province de la « science-fiction ». « J’accepte la catégorie », écrit du reste l’auteur dans son avant-propos tout en déclinant une parenté quelconque avec « les bêtifications attristées sur le règne des robots et des cerveaux mécaniques, qui expriment ce que les intellectuels de mon temps croient être un humanisme ».
Il y a pourtant un ordinateur dans le roman, et qui joue un rôle prépondérant : celui, en quelque mesure, de l’oracle de Delphes. L’humanité en effet a été, à la suite d’un raz-de-marée planétaire déclenché par l’abus des explosions nucléaires souterraines, réduite à une poignée d’îles émergées de ce qui était autrefois la vallée de la Garonne, la pays Landais et Basque. Mais la nuit où la mer a englouti à peu près tout ce qui se trouvait sur son passage, le hasard a voulu qu’un groupe d’éminents sociologues venus de tous les horizons du globe se trouvent réunis dans une auberge de campagne, comme dans une nouvelle arche.
Ces savants se sont employés, pendant la période tumultueuse qui a succédé à la rupture de l’ordre, à rassembler tout ce qu’ils ont pu sauver du cataclysme pour édifier, en un lieu secret, une espèce de trésor de la civilisation disparue. Ils ont confié à un ordinateur – reconstitué par leurs soins et dont ils ont nourri la mémoire électronique de la somme de connaissance qu’ils avaient à leur disposition - la tâche de diriger l’humanité future vers les issues capables de la sortir des âges noirs où, nécessairement, elle va s’enliser.
Avant de mourir, ils ses sont ouverts de leurs projets à Honorius, fils d’un ouvrier Italien, né le soir de la fin du monde et qui a été fait pape. Car il faut un chef religieux – qui ne doit pas être d’ailleurs qu’un chef spirituel – d’où la difficulté qu’éprouve Honorius à s’acquitter de ses multiples responsabilités. D’autant plus que sa longévité (il a près de cent ans quand il conte son histoire) l’a amené à veiller à la réalisation des conseils de l’Oracle planificateur assez longtemps pour que sa mission ne soit amplifiée considérablement. Car l’ordinateur et sa logique inflexible ne sauraient, bien entendu, changer la nature humaine. Comme dans « L’île des Pingouins », à laquelle on ne peut s’empêcher de penser, nous sommes ici dans le domaine de l’éternel retour… Ce qui amène Honorius, ou plus exactement Escarpit, à nous fournir sous une forme hautement amusante ample matière à réflexion.
Finalement, le problème essentiel qu’Honorius mourant aura, non sans angoisse, à résoudre, est de savoir s’il lui faut révéler aux hommes qui, précisément, sont aux noms des plus sacrés principes sur le point de s’exterminer réciproquement, le secret du trésor dont il a la garde. Ces archives seront-elles utiles, ou achèveront-elles de leur troubler l’esprit ? Ah ! il est bien lucide Honorius, pour un centenaire ! Son ultime geste sera de tirer la manette qui inonde la caverne fatidique, ou plutôt il la laissera tirer par une femme. C’est toujours, n’est-ce pas ? Eve qui croque la pomme.
Le livre est supérieurement réussi parce que l’auteur a un goût du « canular », qui est vif et rafraichissant. Et puis parce que le présent volume est illuminé par l’amour que porte Escarpit au pays auquel il a accordé la grâce de survivre, à l’exclusion des autres territoires, ce pays de Garonne « tendre et malin » (c’est lui qui le dit) où il a vu le jour….
Raymond LAS VERGNAS
Hors ligne
[ Générées en 0.018 secondes, 10 requêtes exécutées - Utilisation de la mémoire : 1.32 Mio (pic d'utilisation : 1.37 Mio) ]