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Les Petits Bonshommes est une revue parue en 1922, et qui dura à priori jusqu'en 1924, à l'intention des enfants de l'école primaire. C'est probablement l'ancêtre des revues sponsorisées par les enseignants comme Amis-Coop. Elle semble avoir déjà existé de janvier 1911 à juillet 1914 dans un autre format, stoppée par la guerre et reprise en nouvelle série en janvier 1922. Un supplément encarté apparait fin 1922 "Le Coin des parents", un bulletin d'éducation : une formule qui sera reprise par les éditions modernes bien plus tard.
Réalisée par le Syndicat national des institutrices et instituteurs de France et des Colonies , la revue se veut l’œuvre collective d'éducation des maîtres et amis de l'enfance. Il est bien précisé qu'il ne s'agit pas d'une affaire commerciale.
C'est un joli magazine de 16 pages au format carré, illustré en monochrome et en couleurs avec des textes à suivre dont l'un est adapté aux enfants apprenant à lire, des contes de fées et des romans d'aventures, des histoires en images sans texte qui ressemblent fortement à de la BD muette. Bien sûr, des petits textes documentaires, des variétés, échanges de correspondants, primes pour les abonnés (un ballon de football en cuir ou une poupée dormeuse, La Petite Bonne Femme), reliure, etc.
La revue annonce également La Bibliothèque des Petits Bonshommes qui présente d'une part une sélection de titres qu'elle encourage à acquérir par l'intermédiaire de sa librairie, d'autre part des livres de Prix dont elle est elle-même l'éditeur.
Quelques signatures connues ou moins : René Duverne, Lucien Pinchon, Marceline Hecquet, Jules Renard, Marcel-Eugène Cahen, A. Verdier. Des illustrateurs nombreux : Cheval, P. Larivière, P. Meyer, Lochard, Gaston Nick, J. d'Aurian, Van Duch et ce qui semble bien être Edmond-François Calvo dans une quasi BD*!
On peut noter comme textes nous intéressant :
- un roman à suivre, Les Métamorphoses de Pierre le Cruel de James Greenwood,traduit par P. Simon et illustré par E. Griset, paru initialement chez Hetzel en 1876. (un petit garçon transformé en scarabée après avoir maltraité un insecte et projeté dans le monde animal.
- Un conte Histoire de Rayon de Lune et de la Fée Tisane de Marcel-Eugène Cahen (2 pages, n°22).
- Un conte Histoire d'un lion très bête et d'un lièvre très rusé de Marceline Hecquet (2 pages, n°25).
- Un roman à suivre, Jack et les haricots grimpants (Jack and the Beanstalk), une version cruelle et bien moins mièvre des fameux haricots magiques où le jeune héros n'est pas non plus un modèle de vertu... Je n'ai pas trouvé pour ce dernier récit ni l'auteur repris (Jacobs ou Tabart) de ce conte populaire anglais, ni la mention d'une précédente édition ou d'une traduction. A priori, il s'agit de la version Jacobs (moins morale).
Pour info, un autre roman à suivre mais d'aventures : Voyage à fond de cale, une reprise du roman du Capitaine Mayne-Reid. Le texte de René Duverne est une fantaisie régionale sur les ânes de Bonifacio.
Mais je vous ai parlé de cette revue hautement pédagogique et s'adressant aux enfants de 6 à 12 ans pour une autre raison plus personnelle : pourfendre les bêtises que je lis ou subis régulièrement dans le cadre de mon rôle de parent. Ceux que ça ennuie peuvent passer directement à l'image suivante!
On entend très fort certains pédagogues modernes, pleins de bon sens près de chez vous, vanter l'éducation sérieuse, rigoureuse et adaptée aux jeunes âmes qu'on offrait dans le bon vieux temps, un bon vieux temps d'enfants sages et naïfs, tellement différents de nos vauriens d'aujourd'hui, dégénérés par la nouvelle violence médiatique. Ces spécialistes n'ont probablement jamais ouvert un livre d'Histoire et moins encore un livre éducatif ou de loisirs publiés avant "leur entrée en Savoir" quand ils prônent un retour à un système éducatif rigoureux et austère des années d'avant 1950 totalement chimérique!
La pédagogie moderne s'est affirmée depuis le début du XXe siècle, les devoirs à la maison, par exemple, ont été interdits ou déconseillés depuis 1913 suivant les académies, la circulaire nationale date de 1956, et vous seriez ébahis du nombre de directives scolaires qui paraissent encore aujourd'hui "hippies" et qui sont juste des réflexions d'enseignants et de pédagogues nés au 19e siècle. C'est aussi au début du XXe siècle que sont conçus les premiers manuels fait pour inspirer aux enfants le plaisir d'apprendre et de maîtriser leurs connaissances, qu'il est conseillé dans la mesure du possible de montrer la réalité des sciences par exploration, manipulation... Cette volonté affirmée de transformer l'apprentissage en un plaisir renouvelé et désirable est pourtant contemporaine d'une violence quotidienne dans les mœurs et l'actualité, et dans les livres. Moi, je dirais que les pédagogues d'alors désiraient mieux pour leurs enfants et que beaucoup encore en sont les dignes continuateurs, les braillards d'aujourd'hui voudraient bien mettre le pire à venir sur le dos des plus jeunes, on va corriger tout ça à coups de punition collective et de travail supplémentaire, on rigole plus en 2011, on va y arriver, les gosses seront bien plus [censure] que nous...
-- Fin de ma mauvaise humeur hors genre! --
...et démonstration!
Voilà un encart rigolo tout en couleurs pour la joie des petits en 1922 dans le n°22, et si on tentait de le passer le mois prochain dans J'aime Lire?
Les Petits Bonshommes
n°22 du 17 juin et n°25 du 13 juillet 1922.
Administration 1, rue Désirée Paris, 30 centimes le n° hebdomadaire
Le gérant : Gagey.
* Calvo???
Si un spécialiste passe par ici, voici un extrait de cette fameuse presque BD, qui serait alors l'un de ses premiers travaux pour la jeunesse puisqu'à l'époque, il débutait comme caricaturiste dans le Canard Enchaîné (1919). Je trouve le trait de dessin proche de ce que j'en connais par ailleurs et la signature assez ressemblante avec le Calvo plus ferme des années 40-50.
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Le doute n'est semble-t-il pas permis. (J'ai eu confirmation par un Calvoniste irréductible)
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Merci à tous les deux! Pour ma part, sans être irréductible, j'aime bien trouver des bandes de Calvo.
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..., j'aime bien trouver des bandes de Calvo.
Et en voilà encore que j'attendais et que j'ai reçu hier enfin!
Ce n'est pas dans Les Petits bonshommes mais dans Fillette (SPE alias Offenstadt) où Calvo illustra certains récits souvent fantastique comme ce joli conte à suivre, La Fleur enchantée de Régine Véran que les amateurs de Guieu ne doivent pas confondre avec la copine de Novak!
Cette illustration est vraiment très jolie, admirez les petits détails des tissus, Calvo ne ménageait pas sa peine pour les fillettes...
Fillette est un joli réservoir de contes et de récits fantastiques délicieusement illustrés dont les textes sont pour la plupart inédits en volume.
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Eh bien, nos Calvo n'ont pas grand chose à voir avec Les Petits Bonshommes, on peut quand même supposer qu'il serait mieux sur le topic ad os
N'empêche qu'il est très chouette ton squelette en goguette! C'est un livre-jeu, avec des bandes séparées à reconstituer?
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Oui, c'est un petit livret de 16 pages à reliure spirale. Chaque page est découpée en 3 languettes qui permettent de reconstituer des personnages à anatomie variable.
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Rhhaaaaâ, envie et jalousie!
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