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Editions Impéria
Impéria est une maison d'édition de Lyon qui s'engagea dans la publication de "Petits Formats", ces revues de bandes dessinées pas chères. Cependant, quoique à deux sous, ses séries ne manquaient pas de qualité et sont encore très prisées aujourd'hui. Parmi elles, les Jones ne dédaignent jamais ramasser un titre exceptionnel, Kalar, dont ils conservent jalousement les exemplaires au fond de leur jungle de papier.
Kalar, c'est un héros "tarzanide" mais d'un genre un peu particulier. D'abord, il est français, ensuite il est né beaucoup plus tard que son illustre aieul, en 1964 exactement, enfin il ne vêtira jamais la peau de bête mais adoptera la tenue de broussard, short et chemise à poches sans oublier l'arme à feu.
A la suite d'un traquenard, Jean Calard est accusé du meurtre de son riche oncle du Maroc et s'enfuit pour ne pas être emprisonné. Lors de sa fuite, il échoue en pleine jungle à la suite du crash de son avion. Il est recueilli par une tribu pour qui son nom veut dire Dieu et se prononce "Kalar" (sic). Peu à peu, Kalar apprend à vivre au milieu de cette nature cruelle mais magnifique et lorsque son avocat réussira enfin à le retrouver et lui annoncera qu'il est blanchi du crime et de fait, richissime, notre héros préfèrera continuer sa vie au coeur de l'Afrique.
Bien que Calard-Kalar soit un français pur souche, son créateur est un espagnol né en 1929, Marco Nadal, attiré par Impéria qui avait apprécié ses illustrations animalières et qui désirait lancer une série dans la jungle. En peu de temps, le dessinateur, dont c'est le premier véritable travail de longue haleine, crée un univers particulier où son coup de crayon magistral croque toutes sortes de bestioles comme si elles allaient sortir de leur case. La série rencontre le succès et comptera plus de 200 numéros pendant vingt ans même si les tout derniers sont des rééditions et certains dessinés par un confrère compatriote.
Pour ce qui nous intéresse plus particulièrement dans Kalar, c'est bien entendu ses incursions dans l'aventure extraordinaire, tout comme son modèle Tarzan. Dans le n°15 de février 1965, nous sommes particulièrement gâtés avec un récit consacré à un monde perdu titré justement "A l'Ombre du monde perdu".
Suite au rapt de son jeune ami indigène, Kalar se lance à la poursuite des ravisseurs et s'engouffre dans une contrée inexplorée et difficile d'accès dont l'évolution semble avoir conservé dinosaures, animaux préhistoriques et lointains ancêtres humains. Ses dons de compréhension et de communication avec les animaux lui permettent rapidement d'apprivoiser un mammouth qu'il montera dans son expédition.
Un scénario tout à fait classique avec secousse sismique et rencontres de différentes énormes bébêtes, de plantes dangereuses, d'une jeune fille sauvage rescapée d'un crash, d'une tribu de chevelus musculeux dont le Gardien est un reclus mi-adoré mi-prisonnier venu aussi du monde occidental. Toute la différence est dans le dessin, vif et détaillé, dont l'essentiel des cases est le prétexte de présenter un animal en action. Nadal s'en donne à coeur joie avec ceux qu'il n'aura pas autant l'occasion de représenter, se livrant même à la création d'une énorme créature des eaux un peu chimérique! Les personnages humains n'en sont pas moins soignés et l'amateur ravi pourra admirer quelques belles scènes de baston qui n'ont pas grand chose à envier aux comics de l'époque.
Scéne de transition, Nadal en profite pour ajouter une espèce de salamandre préhisto.
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