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#1 03-04-2012 02:21:08

Cirroco Jones
[•°•°•] Perdue dans les asteroïdes
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[Auteur] Michel Dahin / Michel de Roisin

Michel Dahin (19..-1982) Belgique

Pseudonyme : Michel de Roisin.

v_dahinmichel.jpg

okbdfi

Ce sont là tous les renseignements fragmentaires sur ce polygraphe et illustrateur curieux et inépuisable que l'on connaît sous ces deux noms, pas forcément les siens.

La première référence des oeuvres littéraires de cet auteur remonte à 1938 pour une pièce théâtrale jouée à la Sorbonne :

Michel Dahin. L'Illusion de François Villon, pièce en un acte, représentée le 15 mai 1938 à la Sorbonne
Publication :  Joigny, Impr. Société d'éditions et d'imprimeries ; Paris, J. L. Lejeune, 1, rue Marivaux. (S.M.), (27 mai 1938.) In-16, 32 p. 5 fr. [5405] Note(s) :  Achevé d'imprimer en 1938

Un ouvrage d'étudiant? Il serait donc probable que Michel Dahin soit là son véritable nom.

Ensuite, son nom disparaît du paysage français avec les hostilités de 39/45 et on ne l'aperçoit qu'en 1941 aux éditions La Gerbe en Belgique pour deux courts récits policiers "Crime au studio" et "La première mort de César Satanas". Ce sont les deux seules incursions que j'ai pu trouver pendant la guerre. C'est en France de nouveau que Michel Dahin revient en 1944 pour se faire publier dans les éditions de l'après-guerre en tant qu'auteur ou illustrateur : S.E.N., S.A.E.T.L. et Paul Dupont. Il crée d'ailleurs un personnage, Le Chacal qui est aussi le nom d'une collection chez S.E.N. et dont il fut, à priori, le seul écrivain. Chez Paul Dupont, dans la collection Haute-Police, il écrit une belle nouvelle d'inspiration fantastique, La Sérénade au fantôme parue sous une couverture inspirée, non signée hélas.

Son activité se diversifie et s'intensifie mais se dilue aussi car il s'agit principalement de courts récits, d'illustrations, de bandes dessinées en récits complets pour les revues pour la jeunesse, ces dernières n'étant pas toujours nominatives.

On le retrouve en 1946 aux éditions Paris-Cité dans la collection Chercheurs d'Espace, au côté de Georges G.-Toudouze, qu'il illustre avant d'écrire lui-même un titre "Du sang sur l'Himalaya". Un second titre est annoncé "Prisonniers des diplodocus" mais il ne paraîtra que beaucoup plus tard chez Ferenczi dans Mon Roman d'Aventures en 1955. En 1948, on lit sa signature au Journal des Voyages Nouvelle Série (par ex. "La Déesse de la jungle" n°113, 24 juin 1948 qu'il serait bien de trouver et lire) encore au côté, d'ailleurs de G. G.-Toudouze (sous son nom et sous le pseudonyme d'André Fougère)*.

C'est dans les années 1950 que Michel Dahin cède peu à peu la place à Michel de Roisin. Il y a encore un intéressant récit "texte sous images" plutôt que BD publié au nom de Dahin dans la revue pour la jeunesse, Bravo, en 1950, "La légende de Stenka Razine" dont une image a marqué les jeunes lecteurs (réédité chez Prifo en 1977). Toujours sous le nom Dahin, Atomes n° 127 en novembre 1956, la revue de vulgarisation scientifique, publie un article sur Mars "La planète Mars va-t-elle révéler ses secrets ?" mais, l'année suivante, c'est Michel de Roisin qui signera "Où va l’astronautique ?" dans Atomes n°131 de mars 1957.

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Détail planche de La légende de Stenka Razine dans Bravo, 1950

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Illustration de Michel Dahin pour Atomes n° 127

En 1960, désormais devenu Michel de Roisin, il est chez Vaillant où il signe des articles documentaires pour la jeunesse, avec des illustrations personnelles, entre autres sur la préhistoire dans une série documentaire, "Homme préhistorique, cet inconnu", de J2 Jeunes en 1966 qu'une fois de plus il illustre. Plus remarquable, il est au moins une fois l'illustrateur de la une de l'Humanité-Dimanche n° 659 du 16 avril 1961 quand le journal célèbre l'ascension de Youri Gagarine avec un dessin futuriste à la légende enthousiaste "Hourra pour Youri !".

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Couverture illustrée par Michel de Roisin pour J2 Jeunes.

Ce nouveau nom de plume va à présent explorer la dernière veine d'inspiration de l'auteur jusqu'à sa mort : l'occultisme. Dans la revue AEsculape qui a une entrée sur BDFI mais aussi dans des ouvrages publiés au Rocher dans une collection aux noms mystérieux : Les Carrefours de l'étrange qui devint ensuite Aux Confins de l'étrange. Ses ouvrages sont sujets à controverse dans les sphères mieux informées que moi, "Ulrich de Mayence" (défini comme le maître de Nostradamus et créateur d'une secte dont Michel de Roisin était le grand maître moderne) et "Alohim, chirurgien au XVIème siècle" devraient plus à l'imagination débordante de leur auteur qu'à la vérité historique**.

Nul doute qu'il y ait encore beaucoup à découvrir, à rectifier et à conforter sur cet artiste curieux et prolixe dont on peut découvrir les qualités d'écriture originale dès les premiers récits publiés dans le format "fascicule". Voir les deux titres que j'ai pris plaisir à détailler pour la base de données.


* Dans ce numéro du Journal des Voyages, un annonceur donne le sommaire suivant : "La caverne au trésor par André Fougère (suite), La Déesse de la jungle par Michel Dahin. Quelques marchands de bois d'ébène par Georges Toudouze." La Caverne au trésor est sans aucun doute une reprise du n° 7 de Chercheurs d'Espace, La caverne aux trésors par François Le Hêtre, 1946, un autre pseudonyme de Toudouze.

** Ulrich de Mayence : 1486-1558 : "la Bible de l'an 2000", le maître de Nostradamus, la BNF nous apprend qu'il s'agit de "Recueil de textes extraits d'" Asculape", 1969-1973. - Contient des textes en latin et des textes traduits du latin et de l'allemand"
Alohim : d'après la vie d'Aloïs Carséna qui, d'après la BNF, était un "Médecin né à Nice qui, après de nombreux voyages en Europe, termina sa vie comme "médecin des chameliers" à Alger. Le récit autobiographique composé en arabe, italien et latin est conservé à la bibliothèque khédivale du Caire." Un seul bémol, la source de notre BNF est le récit de Roisin...

Sources et pages à visiter :
http://litteraturepopulaire.winnerbb.ne … hin-michel une bibliographie présentée par Ignatz Mouse avec une petite erreur issue de la BNF : le Haute-Police date de 1945 et non 1949.
http://www.forumpimpf.net/viewtopic.php?f=183&p=564251 : photo de Michel Dahin.
http://gotomars.free.fr/ : Atomes n° 127, une belle reproduction de l'article mais il manque hélas une page.
http://litteraturepopulaire.winnerbb.ne … paris-cite Un dossier consacré à la collection Chercheurs d'Espace Paris-Cité.
http://www.bd-anciennes.net/annees50/bravo/bravo.php Une page qui cite le passage de Michel Dahin à la revue Bravo.
http://www.bdoubliees.com/j2jeunes/auteurs5/roisin.htm Une page consacré à Michel de Roisin chez Vaillant.
http://www.humanite.fr/10_04_2011-youri … ace-469650 Une page sur l'Humanité Dimanche du 16/04/1961.
http://forums.bdfi.net/viewtopic.php?id=125 Un dossier sur la revue AEsculape sur BDFI initié par Teddy Verano.

Et comme d'habitude, des erreurs? des détails supplémentaire? N'hésitez pas à rectifier ou à améliorer cette enquête de Cirroc'Holmes wink
(voui, vous pourrez même ponctuer d'un "Elémentaire, ma chère Jones"...)

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#2 03-04-2012 02:23:40

Cirroco Jones
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Re : [Auteur] Michel Dahin / Michel de Roisin

Deux titres pour nous :

La Sérénade au Fantôme, Michel Dahin
Editions S.A.E.T.L., Collection Haute-Police, 4e trim. 1945, DL 9

v_dahinserenadefantome.jpg

Dans une région germanique indéterminée, un récit policier traité comme un récit gothique.

Dans un atelier de luthiers, l'un d'entre eux, Wolfgang, a un visage angélique aux yeux magnifiques qui recèlent, d'aprés l'ancêtre des artisans, la destinée tragique qui l'attend. Un jour, ses compagnons le surprennent à régler un violon d'une pureté de son exceptionnelle, un stradivarius probablement, puis le briser désespérément après en avoir tiré quelques notes.

L'archet fit trois mouvements de va-et-vient. Les yeux de Wolfgang s'ouvrirent, démesurés. La ride verticale de son front se tordit comme une vipère. Les dents du jeune homme s'enfoncèrent dans sa lèvre, qui se frangeai d'écarlate.
Dans son poing droit, levant bien haut l'instrument, telle une masse d'armes, il le rabattit vers le sol. Les quatre cordes exhalèrent une plainte presque humaine. Les tables d'harmonie, les éclisses, les chevalets et le manche, avec un bruit d'ossements, rebondirent sur le plancher.
Horrifié, je me laissai retomber dans la mansarde.
- Un Stradivarius, sans aucun doute! m'écriai-je. Il l'a brisé comme un mauvais vase! Oh! cela, je ne lui pardonnerai jamais!
- Et maintenant, dit Pétrus, qui avait repris ma place, maintenant il se mord les poings, il pleure, son menton est tout barbouillé de sang!

Le lendemain, le luthier demande la permission d'utiliser l'atelier le soir pour fabriquer son propre violon. A peine ce dernier terminé, l'homme part secrètement au fleuve mais une indiscrétion permet à ses amis de le suivre, trop tard pour empêcher sa mort : le corps git dans l'eau crucifié par un coup de poignard au coeur.

Un récit d'ambiance réussie non sans rappeler les contes de Jean Ray, Michel Dahin est belge, ne l'oublions pas. La conclusion réaliste ne dissipe pas la sorcellerie qui se mêle étroitement à l'histoire passionnelle du luthier pour un fantôme, celui de Lorelei. Il est trompé et assassiné par deux femmes réelles toutes deux éprises de lui dans une tragédie qui les muent tous trois en archétypes malgré eux et dont il demeure le seul à revendiquer l'intégrité. Le narrateur est un ami luthier de l'atelier et son romantisme, s'il n'est pas fatal comme pour Wolfgang, lui inspire des images fantasmées plus vraies que la réalité. Quand la clé de l'énigme est donnée, elle est présentée comme un pauvre leurre cachant la vérité. Le temps et le lieu sont eux-mêmes incertains, l'origine germanique est évidente mais sans repère identifiable, il peut s'agir de l'Est de la France, de l'Allemagne ou d'une région frontalière belge. L'époque paraît fluctuante, l'enquête n'est pas procédurale, pas de gendarmes ni d'alibi et pourtant il y a bien un juge d'instruction. Les légendes flottent dans la conscience collective, anciennes ou récentes, la chronologie se télescope pour finir dans un "il y a longtemps" sans consistance.



Dans un tout autre registre, Les Prisonniers des Diplodocus a été écrit en 1948 pour les éditions Paris-Cité qui arrêteront leur production avant de le publier. Le récit resurgit curieusement quelques années plus tard chez un autre éditeur, en perte de vitesse également, Ferenczi, dans la collection désormais bien connue ici, Mon Roman d'Aventures.

Prisonniers des diplodocus, Michel Dahin
Editions Ferenczi, Collection Mon Roman d'Aventures n° 356, 3e trim. 1955, DL 2750, illustrateur non crédité Georges Vallée.

v_mrav356.jpg

Au Népal, sur le territoire du Dalaï Lama, une expédition scientifique anglaise appelle au secours par télégraphe une garnison britannique. Ils sont coincés dans un lieu inconnu et souterrain par une peuplade étrange avec un troisième œil et des monstres préhistoriques. Le peuple serait le peuple fondateur de la race humaine, les Sogdiens. Cela n'empêchera pas la garnison venue à la rescousse de ses compatriotes savants de les anéantir tous sans l'ombre d'un haussement de sourcil, et avec eux, les dinosaures et les champignons géants.

Cette charge aux accents britanniques est conduite tambour battant, sans souci éthique ou ethnologique. L'ardeur chaotique quoique militaire est amusante et plutôt rafraîchissante. A aucun moment le lecteur n'aura le point de vue scientifique, les savants sont relégués à une voix anglaise (in french in the text toutefois) qui appelle à l'aide, avec la longitude et la latitude exacte. Un appel au secours auquel le chef de garnison, ennuyé par cet embarras mais nullement tiraillé par des sentiments complexes, va répondre en bon compatriote : il faut sauver des citoyens britanniques. Il mène sa troupe, solidement armée et nantie d'un matériel spéléologique complet, à travers un pays réputé inaccessible et dangereux que seuls les savants fous et les aventuriers cupides affrontent d'ordinaire. Protégés par une xénophobie à toute épreuve, les cinquante soldats anglais, en sifflotant "It's a long way to Tipperary", vont massacrer tout ce qui bouge avec quelques commentaires garantis sans aucune portée scientifique.

- Oh! fit-il [le major], ces créatures ont un oeil entre les sourcils!
- Ce qui ne les empêche point d'avoir, en outre, les deux yeux habituels, remarqua le sergent. Je me demande si ces gaillards-là ferment leurs trois yeux pour dormir, ou bien s'ils en conservent un toujours de garde... Dans ce cas-là, il ne doit pas être facile de les attaquer pendant leur sommeil.

Les seules explications simili scientifiques faites par le lieutenant, qui aurait un passé (un peu honteux) d'étudiant paléontologue, sont écartées par lui-même et son supérieur tandis que les hommes installent une quantité impressionnante d'explosifs dans le village sogdien:

- Vous avez raison, conclut le major, Tout cela me paraît diablement compliqué. Contentons-nous donc de voir. Cela vaudra mieux que de construire d'absurdes systèmes... à l'exemple de certains philosophes!

La déflagration titanesque qui suit rend sourds toute la garnison qui fête muettement sa victoire lorsque du lac bouillonnant surgit une pléthore de dinosaures qui heureusement a finalement plus d'enthousiasme à s'autodétruire qu'à s'attaquer aux soldats extasiés. Les savants isolés sur un piton rocheux profitent de la mêlée de l'ère secondaire pour rejoindre leurs braves sauveurs et, quand la Terre se révolte en un énorme gouffre volcanique, ils s'échappent par un chemin alternatif providentiel que le major éclipse en déclarant que, comme dit Rudyard Kipling, c'est une autre histoire.

De la survie des Sogdiens, des dinosaures, des champignons, de la présence du troisième oeil ou même des capacités pétrifiantes des projectiles indigènes, on ne saura rien, mais alors rien du tout!



Les intrépides auteurs des Terres Creuses (Encrage) ont bien cité ce récit émoustillant, avec un autre extrait des plus savoureux, dans la notice 1429. Leur résumé, court par nécessité, fausse un peu l'intrigue de l'histoire. La place ne m'étant pas comptée, j'espère avoir précisé le scénario utilement pour les innombrables amateurs de Michel Dahin wink


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#3 16-09-2012 16:41:35

Cirroco Jones
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Re : [Auteur] Michel Dahin / Michel de Roisin

Cirroco Jones a écrit :

En 1960, désormais devenu Michel de Roisin, il est chez Vaillant où il signe des articles documentaires pour la jeunesse,...

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Michel de Roisin en chevelure de savant fou (n° 811)

Pour illustrer le passage de Michel de Roisin aux éditions Vaillant, quelques pages choisies dans la Rubrique "Ce monde où nous vivons" entre 1960 et 1961 :

- n° 811 : Au seuil de l’infini, par Michel De Roisin, Dr Pagès et Marc Gibaud.
- n° 819 : Force, vitesse, conquêtes des hommes, par Michel De Roisin.
- n° 823 : Ce monde où nous vivrons, un reportage fictif, par Michel de Roisin.

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